Protection juridique : Guide sur les démarches à suivre pour un proche âgé
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Protection juridique : Guide sur les démarches à suivre pour un proche âgé
- Publié le 11/09/2024
Il arrive parfois un moment où il est nécessaire de s’interroger sur la mise en place d’une mesure de protection juridique pour un proche vulnérable. L’avancée en âge, la maladie ou tout simplement un accident de la vie peuvent mettre en évidence une certaine difficulté pour personne à faire correctement valoir sa volonté ou à pouvoir seule à ses intérêts, qu’ils soient patrimoniaux ou personnels.
Ce sont tous ses petits moments d’absence, d’incompréhension ou de confusion qui peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves et qui doivent nous forcer, dans l’intérêt de la personne, à nous poser la question.
Il n’est néanmoins pas facile de savoir précisément quand et pour quelles circonstances il est nécessaire d’entamer une procédure devant le Juge des contentieux de la protection (nouveau nom juge des tutelles). C’est, en effet, une étape qu’il peut être difficile de franchir surtout s’agissant d’un proche parent rattrapé par l’âge et toutes les difficultés que cela implique.
Pour vous aider à y voir plus clair, nous allons nous intéresser à l’évaluation juridique des besoins en précisant certains principes directeurs réaffirmés par la loi n°2007-308 du 5 mars 2007, applicable depuis le 1er janvier 2009 et qui réformé le droit sur la protection juridique des majeurs.
Deux principes clairement exprimés vont vous permettre de vous poser les bonnes questions et donc d’envisager clairement la décision que vous devez prendre. On parle des principes de nécessité et de subsidiarité.
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Le principe de nécessité d'une protection juridique
C’est un principe simple qui souligne que ne peuvent bénéficier d’une mesure de protection juridique que les personnes qui en ont réellement besoin.
C’est heureux me direz-vous, lorsque l’on sait qu’une mesure de protection est une atteinte à la capacité des personnes. Il s’agit en effet au minimum de lui imposer une assistance, un contrôle des actes les plus importants et au maximum de désigner quelqu’un pour la représenter.
Mais comment identifier juridiquement ce besoin, cette nécessité d’une mesure de protection ?
C’est tout d’abord une nécessité médicale. L’article 425 du Code civil le rappelle sans ambiguïté puisqu’il évoque les « altérations médicalement constatées » soit des facultés mentales de la personne, soit de ces facultés physiques, étant ici précisé que cette altération physique doit empêcher l’expression de volonté. Ainsi, une difficulté à marcher ou à réaliser les gestes du quotidien (se laver, faire ses courses ou son ménage …) ne peuvent pas justifier la mise en place d’une mesure de protection. En effet, ces altérations, quoique certainement handicapantes, n’empêchent pas la personne d’exprimer son opinion et de décider pour elle-même. Il en est de même d’une personne qui décide de dilapider son patrimoine consciemment par excès de prodigalité et en parfaite connaissance des conséquences.
Familièrement, on peut résumer ce constat médical de la façon suivante : tant que la tête va, tout va.
Une constatation médicale suppose l’intervention d’un médecin. Bien souvent, le médecin traitant de la personne sera un interlocuteur privilégié. Par ses compétences, son expérience et son histoire avec son patient, il pourra identifier et « quantifier » les difficultés que rencontrent la personne. C’est un premier avis utile qui peut confirmer ou infirmer vos propres impressions et vous éclairer sur les suites à donner.
Mais attention, la loi exige pour l’ouverture d’une mesure de protection, l’intervention d’un médecin inscrit sur la liste du procureur de la République (Trouver une adresse avec le réseau France Tutelle – France Tutelle). En bref, si l’on suppose que tous les médecins ont la compétence pour identifier la vulnérabilité et les difficultés liées à l’âge par exemple, ils n’ont pas tous la possibilité de rédiger le certificat médical circonstancié qui vous permettra de saisir le Juge des contentieux de la protection. Ne pas produire ce certificat médical spécifique d’un médecin identifié dans les textes est un motif d’irrecevabilité que le magistrat ne pourra pas écarter. En conclusion, il devra mettre un terme à l’instruction du dossier.
Le principe de nécessité appelle une autre réflexion. Au-delà de la constatation purement médicale, il faut également apprécier la nécessité de la mesure dans le quotidien de la personne, évaluer son utilité par rapport aux risques éventuels. Si la personne confond les euros et les francs et qu’il en résulte des difficultés bancaires ou qu’elle répond gentiment à toutes les sollicitations de potentiels démarcheurs, alors on envisage le besoin de protégés ses intérêts et donc d’intervenir. Quid d’une personne qui malgré les stigmates de l’âge, dont la vulnérabilité est médicalement avérée mais qui peut encore seule gérer son quotidien. Est-il vraiment nécessaire de faire intervenir le juge ?
Une mesure de protection peut être difficilement vécue par la personne à protéger. Il est donc important d’agir qu’en dernier recours et quand toutes les autres possibilités ont été écartées.
Le principe de subsidiarité
C’est le propos du deuxième principe directeur que nous allons étudier. Le principe de subsidiarité propose de s’interroger sur les autres solutions possibles avant de mettre en place une mesure de protection. En d’autres termes, la mesure ne doit intervenir qu’en dernier recours lorsque toutes les autres solutions ont été épuisées.
Une procuration bancaire par exemple peut permettre d’exercer un contrôle suffisant. Il est ainsi facile de nos jours de se connecter sur un site bancaire et de visualiser les opérations d’un compte. Il est tout aussi facile avec une procuration bancaire d’accompagner la personne dans le paiement de ses factures et la vérification de son budget.
On ne pense pas assez souvent aussi à la possibilité de rédiger devant notaire une procuration générale qui permettra à une personne désignée de soulager la personne vulnérable de ses obligations administratives. On peut également envisager des procurations spéciales qui permettront d’agir au-delà du simple acte d’administration et de réaliser certains actes de disposition, actes impactant le patrimoine de la personne.
Le jeu des habilitations entre conjoint permettra également de pallier l’impossibilité de l’un des deux époux. Il faudra bien sur saisir le juge des contentieux de la protection ou le juge aux affaires familiales selon l’opération projetée. Cependant, cette intervention judiciaire sera limitée à la demande et ne privera de sa capacité la personne vulnérable que partiellement.
Enfin, le mandat de protection future, outil d’anticipation par excellence, primera nécessairement sur une mesure de protection judiciaire sauf pour le juge à démontrer une impossibilité de l’activer. Ainsi la volonté de la personne sera respectée.
La procédure
Si, après avoir lu ces quelques lignes, vous êtes arrivés à la conclusion que vous deviez, malgré tout, demander une mesure de protection pour l’un de vos proches, vous allez devoir saisir le juge des contentieux de la protection.
La procédure est assez simple. Il vous faudra renseigner une requête, un modèle Cerfa que l’on trouve aisément sur Internet (https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R50473) et l’envoyer en lettre recommandée avec accusé de réception, accompagnée de certaines pièces justificatives, au tribunal compétent à savoir le tribunal judiciaire ou de proximité du lieu de résidence de la personne à protéger.
Attention, vous devez absolument accompagner cette requête du certificat médical circonstancié rédigé par un médecin inscrit sur la liste du procureur de la République. En l’absence de ce certificat, le juge ne pourra pas se saisir de votre dossier. De même, si vous faites suivre un certificat d’un médecin qui n’est pas inscrit sur la liste du procureur de la République, comme le médecin traitant de la personne vulnérable, le juge ne pourra pas recevoir votre demande.
C’est dans cette requête que vous expliquerez les difficultés que rencontrent la personne à la lumière des principes de nécessité et de subsidiarité que nous avons évoqués. Vous devrez également indique les nom, prénoms et coordonnées de son entourage familiale et amical et désigner la personne qui souhaite être nommé protecteur. Le juge doit d’abord chercher dans la famille et l’entourage de la personne à protéger un protecteur avant, à défaut, de se tourner vers un professionnel. On parle de la priorité familiale et affective.
Il est également d’usage d’accompagner la requête d’un extrait d’acte de naissance de la personne à protéger ainsi que la copie de sa pièce d’identité et de celles des requérants, mais également toutes informations patrimoniales (derniers relevés de banque, taxe foncière, avis d’imposition…) et personnelles qui permettront au juge d’apprécier correctement la nécessité de la mesure et de désigner la personne la plus apte à gérer cette mesure de protection.
Vous serez auditionné par le magistrat ainsi que (selon les cas) la personne à protéger et les personnes que le juge estimera utile d’entendre. Il s’agit avant tout de comprendre la situation, d’échanger avec la personne vulnérable et de s’assurer de sa volonté ou de ses oppositions quant à la nomination de son protecteur.
La procédure pour une demande de protection est assez longue et peut prendre plusieurs mois avant d’arriver à son terme, tout dépend des tribunaux. Il est donc nécessaire selon les circonstances de ne pas trop différer.
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